mercredi 3 décembre 2008

Tableau de voyage





Cet été, Élodie, Laure, et moi, étudiantes de 22 et 23 ans, sommes parties à Antsampanana, petit village à l’Est de Madagascar. À la demande des habitants, nous venons pour enseigner le français.
En vue de faciliter le contact avec les enfants, nous avons décidé de monter avec eux un spectacle de marionnettes. Qui dit marionnettes dit décor. Qui dit décor, dit draps, pinceaux, et tubes de couleurs. En partie rassemblé en France, en partie acheté sur place, nous nous procurons le matériel nécessaire, et nous nous lançons. Quelle découverte inattendue et magique pour nos petits élèves, de mélanger le bleu et le jaune, et de voir apparaître du vert !

Je vous propose, le temps d’un article, de mélanger à votre tour les gouaches de ce pays si pittoresque. La palette est infinie pour décrire notre expérience. Au sein d’une communauté dont la couleur de peau joue sur la gamme du beige clair au brun foncé, en passant par le jaune et le cuivré, nous vivons les tons les plus chauds. Jaune de la joie des tout petits, lorsqu’ils chantent « Dansons la capucine », avec leur accent tellement craquant. Rose des joues du père Jean et du père Claude, qui veillent sur ce petit monde et sur nous avec la tendresse d’anges gardiens. Orange des carottes que madame Charline, notre adorable hôtesse, épluche inlassablement pour nos repas. Couleur assortie à celle de son bonnet, quand elle le porte. Il ne faut pas oublier que nous sommes en hiver !

Nous rencontrons aussi des couleurs froides. Le bleu des trop rares stylos dont disposent les écoliers. Le gris de notre fatigue physique, qui met notre moral à l’épreuve. Le noir du deuil et de l’histoire tragique de certains enfants dont nous nous occupons.

La complémentarité de ces teintes permet l’authenticité de notre contact avec ces gens. Au final, ce passage dans un monde si différent du nôtre est un éblouissement. Nous sommes tellement émues des liens noués avec les villageois, dont nous partageons la vie quotidienne, toute simple. Lorsque nous allons à l’école le matin, les enfants courent vers nous en criant et en riant. Nous sommes impressionnées de leur vivacité, des progrès qu’ils réalisent en si peu de temps. Certains enfants suivent tous les cours, de ceux des maternelles, à 8h30 le matin, aux cours du soir, jusqu’à 19h30, pour les adultes !


Nous sommes profondément touchées de la générosité avec laquelle les villageois nous accueillent. En toute occasion ils nous manifestent leur reconnaissance : le fait que nous quittions notre confort pour venir les aider en bénévoles, que nous nous intéressions à eux, analphabètes et simples paysans, leur va droit au cœur. Le jour du départ nos sacs débordent de cadeaux pour nous et notre famille. Nous avons bien du mal à monter dans le taxi-brousse qui nous ramène vers Tana !


Heureusement notre projet se poursuit cette année, grâce à l’implication de l’école de Dupanloup, à Boulogne. Après avoir écrit des histoires et rassemblé des livres pour l’école d’Antsampanana, les 6è ont décidé de poursuivre leur parrainage d’année en année. Merci à leur enthousiasme ! Nous remercions aussi la mairie de Paris. Nous remercions tous ceux qui ont contribué à notre projet. Et bien-sûr nous remercions Francine Fritel, présidente de l’association Riou, sans qui ce projet n’aurait pas existé.

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