lundi 15 décembre 2008

L'accès aux toilettes, enjeu mondial de développement


SANTÉ PUBLIQUE 2,5 milliards de personnes restent privées de sanitaires fonctionnels : une question taboue


Article paru dans Le Monde, édition du 29.10.08

Pour réduire la pauvreté dans le monde et améliorer la santé des déshérités, la méthode la plus simple est de construire des toilettes. C'est la conclusion à laquelle est parvenu le Réseau international sur l'eau, l'environnement et la santé (Inweh), branche canadienne de l'Université des Nations unies. Dans un rapport rendu public le 20 octobre, ce groupe de réflexion recommande aux gouvernements une approche plus coordonnée et intégrée des questions d'approvisionnement en eau potable et d'accès à des sanitaires fonctionnels.

Les chiffres font frémir : environ 2,5 milliards de personnes - plus d'un tiers de l'humanité - utilisent des latrines qui n'offrent pas de garantie contre le développement de maladies liées aux matières fécales. Et 1,2 milliard n'ont d'autre ressource que de déféquer dans la nature, selon des données collectées par l'Organisation mondiale de la santé et l'Unicef. Ces personnes passent une demi-heure en moyenne chaque jour à faire la queue dans des installations publiques ou pour trouver un endroit isolé. Soit deux jours ouvrés par mois.

L'impact sanitaire est considérable. Les maladies diarrhéiques tuent 1,8 million de personnes chaque année. On estime que 88 % de ces affections ont pour origine un manque d'hygiène et d'accès à des sanitaires sûrs. Les enfants, dont 5 000 meurent chaque jour, paient le plus lourd tribut.

En Afrique subsaharienne, la moitié des lits d'hôpital sont occupés par des patients souffrant de maladies véhiculées par les matières fécales. Dans le monde, 200 millions de tonnes d'excréments humains finissent dans des rivières chaque année, contaminant les eaux de surface, voire les nappes phréatiques, avec leur lot de bactéries, virus et autres parasites.

Cet enjeu sanitaire figure rarement au premier plan de l'agenda international. « La question reste taboue, reconnaît Zafar Adeel, directeur de l'Inweh. Les politiques hésitent à aborder ces problèmes dans leurs discours. Ce n'est pas «poli». » Les Nations unies ont surmonté cette aversion. 2008 a été déclarée année mondiale de l'assainissement. Et le développement des toilettes était l'un des objectifs du millénaire, définis en 2000 : diminuer par deux le nombre de personnes n'ayant pas accès à des sanitaires d'ici à 2015.

L'investissement a été chiffré. Il en coûterait au minimum 38 milliards de dollars. Mais pour 1 dollar dépensé, 9 dollars seraient réinjectés dans l'économie, sous forme de productivité accrue et d'état sanitaire amélioré. Selon des projections des Nations unies, l'objectif du millénaire se traduirait par quelque 3,2 milliards de jours travaillés en plus chaque année. Installer des toilettes à l'école, c'est aussi permettre à de nombreuses jeunes filles de poursuivre leurs études après leur puberté. Et 10 % de femmes en plus maîtrisant la lecture, c'est 0,3 % de croissance supplémentaire, fait valoir l'université des Nations unies.

Pour l'heure, si l'accès à l'eau potable progresse, « on est loin du compte » pour les sanitaires, constate Zafar Adeel. C'est la région d'Asie de l'Est et du Pacifique qui a le plus progressé, avec une couverture de la population passée de 30 % en 1990 à 51 % en 2004. Le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord et l'Amérique latine devraient remplir leur objectif. Mais l'Afrique et l'Asie du Sud, avec environ 37 % des besoins couverts, sont très en retard. Pour cibler les populations prioritaires, l'université des Nations unies veut développer un atlas, « disponible d'ici deux ou trois ans », estime M. Adeel.

Selon le chercheur, plusieurs « success stories » montrent cependant qu' « il y a de la place pour l'optimisme ». Il cite des expérimentations dans les bidonvilles du Kenya, où des toilettes publiques ont encouragé une économie locale. Ou encore Madagascar, où un ministère unique gère désormais cette question.

Ces enjeux d'assainissement ne sont pas réservés aux pays en développement. Au Canada, indique M. Adeel, « le service est probablement inadéquat » dans certaines zones « indigènes ». En Occident, « les systèmes de distribution d'eau sont souvent anciens. Seront-ils capables d'encaisser des événements climatiques extrêmes qui accompagneront le réchauffement de la planète ?, s'interroge-t-il. Il faut s'en soucier. Et le plus tôt sera le mieux. »

Hervé Morin

dimanche 14 décembre 2008

Noël

Plus de la moitié de la population malgache est chrétienne. Le 24 décembre au soir, les cloches sonnent et les familles se pressent pour aller l'église. Les enfants sont prêts pour présenter leur " spectacle de noël " : poèmes, chants et sketchs, qu'ils ont préparé pendant quelques semaines. En cette période, il pleut à Mada, mais la pluie n'empêche les malgaches d'aller fêter Noël. Les églises se remplissent vite. Petits et grands sont émerveillés pendant ce moment de partage, de prière et de célébration de la naissance de Jésus. Le 25 décembre au matin, si les parents ont la possibilité, les enfants recevront leur cadeau nécessaire : une nouvelle paire de chaussures, un vêtement ou un jouet. Pour les enfants défavorisés, les associations humanitaires interviennent en organisant des fêtes de noël : repas ou goûter avec distribution de jouets, de vêtements et de fournitures etc…Pour ceux parrainant des enfants malgaches, c'est une grande occasion d'offrir un petit présent pour le bonheur de leurs petits malgaches.

Extrait du site : http://www.coursdemalgache.com/specialnoeletnou/index.html
si vous voulez entendre des enfants chanter Joyeux Noël en malgache, je vous conseille de cliquer sur ce lien !

mercredi 3 décembre 2008

Tableau de voyage





Cet été, Élodie, Laure, et moi, étudiantes de 22 et 23 ans, sommes parties à Antsampanana, petit village à l’Est de Madagascar. À la demande des habitants, nous venons pour enseigner le français.
En vue de faciliter le contact avec les enfants, nous avons décidé de monter avec eux un spectacle de marionnettes. Qui dit marionnettes dit décor. Qui dit décor, dit draps, pinceaux, et tubes de couleurs. En partie rassemblé en France, en partie acheté sur place, nous nous procurons le matériel nécessaire, et nous nous lançons. Quelle découverte inattendue et magique pour nos petits élèves, de mélanger le bleu et le jaune, et de voir apparaître du vert !

Je vous propose, le temps d’un article, de mélanger à votre tour les gouaches de ce pays si pittoresque. La palette est infinie pour décrire notre expérience. Au sein d’une communauté dont la couleur de peau joue sur la gamme du beige clair au brun foncé, en passant par le jaune et le cuivré, nous vivons les tons les plus chauds. Jaune de la joie des tout petits, lorsqu’ils chantent « Dansons la capucine », avec leur accent tellement craquant. Rose des joues du père Jean et du père Claude, qui veillent sur ce petit monde et sur nous avec la tendresse d’anges gardiens. Orange des carottes que madame Charline, notre adorable hôtesse, épluche inlassablement pour nos repas. Couleur assortie à celle de son bonnet, quand elle le porte. Il ne faut pas oublier que nous sommes en hiver !

Nous rencontrons aussi des couleurs froides. Le bleu des trop rares stylos dont disposent les écoliers. Le gris de notre fatigue physique, qui met notre moral à l’épreuve. Le noir du deuil et de l’histoire tragique de certains enfants dont nous nous occupons.

La complémentarité de ces teintes permet l’authenticité de notre contact avec ces gens. Au final, ce passage dans un monde si différent du nôtre est un éblouissement. Nous sommes tellement émues des liens noués avec les villageois, dont nous partageons la vie quotidienne, toute simple. Lorsque nous allons à l’école le matin, les enfants courent vers nous en criant et en riant. Nous sommes impressionnées de leur vivacité, des progrès qu’ils réalisent en si peu de temps. Certains enfants suivent tous les cours, de ceux des maternelles, à 8h30 le matin, aux cours du soir, jusqu’à 19h30, pour les adultes !


Nous sommes profondément touchées de la générosité avec laquelle les villageois nous accueillent. En toute occasion ils nous manifestent leur reconnaissance : le fait que nous quittions notre confort pour venir les aider en bénévoles, que nous nous intéressions à eux, analphabètes et simples paysans, leur va droit au cœur. Le jour du départ nos sacs débordent de cadeaux pour nous et notre famille. Nous avons bien du mal à monter dans le taxi-brousse qui nous ramène vers Tana !


Heureusement notre projet se poursuit cette année, grâce à l’implication de l’école de Dupanloup, à Boulogne. Après avoir écrit des histoires et rassemblé des livres pour l’école d’Antsampanana, les 6è ont décidé de poursuivre leur parrainage d’année en année. Merci à leur enthousiasme ! Nous remercions aussi la mairie de Paris. Nous remercions tous ceux qui ont contribué à notre projet. Et bien-sûr nous remercions Francine Fritel, présidente de l’association Riou, sans qui ce projet n’aurait pas existé.