vendredi 17 juillet 2009

Conseils pour apprentis humanitaires

Suite à notre expérience malgache, et suite à des demandes de la part de notre entourage,
voici quels seraient nos conseils pour toute personne tentée de se lancer à l'aventure :

- être motivé, et motiver des amis (au moins 2 pour une 1è fois).
ce qui marche = enthousiasme, initiative et détermination. utile pendant le séjour en cas de diahrrée aigüe de l'un des membres de l'équipe...

- trouver un organisme ou un contact fiable implanté dans le pays. Ce qui marche =
  • les relations (en parler à toute personne possible dans votre entourage, donner suite aux pistes qu'on vous donne),
  • les organismes type Centre de Documentation et d'Information des Jeunes,
  • le web - contacter des gens qui sont passés par les organismes trouvés sur le web pour vérifier dans quoi vous vous engagez : réels contacts avec la population locale, tâches à accomplir, ambiance et organisation générale ? Les gens déjà partis ne demandent qu'à partager leur expérience.
  • à savoir : selon vos motivations, vous pouvez choisir entre du volontariat international, des organismes caritatifs à fondements religieux, des organismes de microcrédit et d'aide économique, ...
- se construire un projet
la première question que les Malgaches nous ont posée est : "pourquoi êtes-vous venues ici ?"
au milieu du séjour, en pleine phase de remise en question face aux tensions physiques et morales, la question que nous nous sommes posée : "pourquoi sommes-nous là ?"
Pour répondre à cela, voici quelques questions préliminaires à se poser =
  • savoir ce que l'on est venu faire : déterminer quelle sera la tâche à accomplir. Dans notre cas, enseigner le français.
  • savoir pourquoi on veut le faire : découvrir et créer des liens avec des gens différents ? rendre service ? se former à un métier dans des conditions extrêmes ? vivre une aventure ?... *
  • savoir ce que l'on veut retirer de cette expérience : avoir vécu avec les locaux ? visiter le pays ? avoir "accompli" une mission précise ? avoir une ligne de plus sur le cv ?
  • savoir ce que l'on veut éviter : ne vivre qu'avec des Français, vivre sans sanitaires, vivre au jour le jour, se limiter au plan prévu ?...
  • rendre son projet unique : trouver une idée qui personnalise la mission, faire en sorte qu'elle devienne vraiment la vôtre, ce qui vous motivera et constituera un fil conducteur au-delà des aléas de la mission. Dans notre cas, il s'agissait de monter un spectacle de marionnettes avec les enfants.
  • conseil = appuyer vos choix sur vos motivations et vos compétences personnelles, quelles qu'elles soient.

- chercher des financements, voire des partenariats

il existe plein de bourses pour les jeunes, par le biais de l'école ou de l'université, par le biais du ministère des affaires étrangères, par le biais de la ville. Nous avons obtenu une bourse de la part de la ville de Boulogne, nous avons aussi établi un partenariat avec une école boulonnaise. Il est possible aussi de s'adresser aux fondations d'entreprise. Chaque bourse a ses critères d'admissibilité, il faut ensuite présenter un dossier qui explique le projet. Attention aux dates limites de rendu des dossiers ! Elles tombent généralement plusieurs mois avant la date de départ...

- préparer la mission

  • aspect techniques : réserver les billets d'avion le plus tôt possible, prévoir le matériel nécessaire, les vaccins (certains sont à effectuer en plusieurs fois, ne pas s'y prendre à la dernière minute !), obtenir les visas...
  • aspects humains : se renseigner sur la culture du pays, discuter avec des gens qui y sont partis, apprendre les rudiments de la langue (acheter un dico bilingue ! très utile dans le spays où les gens sont peu éduqués et ne parlent que la langue nationale voire locale), prévoir comment effectuer la mission. Dans notre cas, nous avons appris un peu de malgache, nous avons aussi choisi une méthode pour la confection des marionnettes, et prévu des manuels, des livres et du matériel pour les cours.
  • à savoir : on ne réalise vraiment quels sont les besoins et les attentes qu'une fois sur place, et il existe bien des moyens de débrouilles là-bas qu'on imagine pas. il est donc recommandé de prévoir des solutions pratiques et adaptables.

- profitez et soyez ouvert à tout ce qui peut vous arriver ! l'humanitaire est une expérience formidable, avant, pendant et après ! :)

* le jour de notre arrivée, le directeur de l'école nous a introduites aux villageois par un long discours. Ce que j'en retiens, c'est qu'il a dit : "ces jeunes filles sont venues par amour". c'est une phrase qui m'est revenue dans les moments de fatigue, et qui m'a vraiment portée. d'où mon insistance sur le fait de "savoir pourquoi on part", au-delà de la mission pratique à accomplir. C

mercredi 22 avril 2009

ci-dessous, voici un lien vers un reportage intéressant sur la récente prise de pouvoir du président à Madagascar. à noter : la musique de Christophe Colomb au moment du discours officiel...

http://www.dailymotion.com/video/x8u2eh_madagascar-exclusif-chronique-dune_news

lundi 23 mars 2009

Suite au scandale lié à l'achat de terres malgaches par la Corée du Nord, au refus du président Marc Ravalomanana de se retirer du pouvoir, la situation a explosé à Tana. Le coup d'état semble maintenant consommé. L'information que l'on trouve dans les média français est partielle et confuse.

Voici toutefois une interview du nouveau président, qui souligne l'aspiration du pays à davantage d'indépendance par rapport à la communauté internationale. Ces propos soulèvent toujours la même question : comment être solidaire de ces gens sans devenir des intrus dans leurs vies ?

article du Figaro, 21/03/09


Rajoelina : «aux Malgaches de décider du sort de leur pays »

Propos recueillis par Tanguy Berthemet, envoyé spécial à Antanarivo
22/03/2009 Mise à jour : 20:16




INTERVIEW - Le nouveau chef de l'État malgache qui a renversé le président Marc Ravalomanana reste sourd aux mises en garde des bailleurs de fonds étrangers.

SIX JOURS après sa prise de pouvoir et au lendemain de son intronisation officielle, le président malgache, Andry Rajoelina, répond aux critiques de la communauté internationale. Le jeune président, 34 ans, semble peu enclin à faire des concessions.

Que répondez-vous à la communauté internationale qui condamne votre accession au pouvoir qu'elle considère comme un coup d'État ?
Ce n'est pas du tout un coup d'État. La Haute Cour constitutionnelle a validé ce transfert de pouvoir. Rappelons aussi qu'en 1972, déjà, un président a transféré son pouvoir à un général. Même cas en 1975, quand le président Ratsiraka a dirigé le pays. Il n'a pas été élu. On l'a mis en place. Il ne peut pas y avoir de vacance : il faut quelqu'un pour diriger. Cette fois le changement traduit une aspiration populaire. Les militaires comme les politiciens ont accepté que je sois à la tête de la transition.

Cette explication est rejetée par les bailleurs de fonds qui menacent de couper des aides dont le montant représente 70 % du budget du pays…
J'ai passé (lors de son discours samedi, NDLR) un message très fort à la communauté internationale. Nous voulons travailler avec elle parce que nous sommes conscients que seuls nous n'y arriverons pas. Mais la communauté internationale doit savoir qu'il faut aussi respecter l'aspiration populaire. C'est le peuple malgache qui décide du sort de Madagascar.

Êtes-vous prêt à faire certaines concessions demandées par les pays étrangers, comme de revenir sur la dissolution du Parlement ?
L'Assemblée nationale n'est pas dissoute. C'est une suspension provisoire jusqu'aux prochaines élections anticipées. Nous allons mettre en place une Haute Autorité de transition, composée d'une soixantaine de membres choisis parmi des politiciens et des spécialistes ainsi qu'un Comité de redressement économique et social. Nous préparons une véritable démocratie avec l'ouverture d'un gouvernement de transition dont les décisions seront ratifiées par cette Haute Autorité.

La durée de cette Haute Autorité de transition, fixée à deux ans, est très critiquée…
Vingt-quatre mois est un maximum. Nous avons demandé deux ans, car il y a beaucoup de travail : préparer la Constitution prendra six mois au moins. Il faudra ensuite la faire approuver par référendum. Puis organiser les élections des maires, des chefs de région, des sénateurs.

La révision de la Constitution n'est-elle pas un moyen pour vous de vous ouvrir la voie vers une élection, notamment en faisant sauter la limite d'âge pour accéder à la présidence ?
Un comité va élaborer la Constitution qui va être modifiée non pas dans mon intérêt mais pour stabiliser le pays. Quant à l'âge, ce n'est pas à moi de décider. Pour l'instant l'âge minimal pour être président est de 40 ans. Je ne vais pas mettre de pression pour le changer. Par exemple en France, c'est 35 ans je crois. Ce sont des choses à étudier.

Vous parlez de réconciliation nationale. Peut-on imaginer l'annulation du mandat d'arrêt lancé contre Marc Ravalomanana ?
Le mandat d'arrêt contre Marc Ravalomanana n'est pas un acte arbitraire. Doit-on laisser partir quelqu'un qui a commis des fautes dans la gestion du pays, quelqu'un qui a perpétré des tueries ? C'est bien la garde présidentielle qui a tiré sur la foule lors de la tuerie du 7 février (le bilan fut d'au moins 28 morts et 200 blessés, NDLR ). Qui a donné l'ordre ? Il faut mener des enquêtes. Regardez son prédécesseur, l'ancien président Ratsiraka : il est encore en vie, il est à l'extérieur du pays. Cela dit, la justice est indépendante. Elle fera ce qu'elle a à faire.